Encore une fois, le Burkina est éprouvé par une attaque de nature terroriste en plein cœur de sa capitale, et notamment sur la célèbre avenue Kwame Nkrumah. Une avenue qui se relève à peine des soubresauts terroristes qui l’avaient déjà endeuillée l’année dernière.
15 janvier 2016. Des terroristes s’en prennent à de paisibles citoyens à Ouagadougou, sur l’avenue Kwame Nkrumah, faisant une trentaine de victimes. Trois sites sont particulièrement touchés par ces évènements qui restent gravés dans la mémoire collective: le Cappuccino, le Splendid Hotel et le maquis Taxi Brousse. Des terroristes venaient ainsi de toucher le cœur de la capitale burkinabè, tout en multipliant, depuis, leurs actions à différents endroits du pays, et notamment dans les zones frontalières avec le Mali voisin.
Bis repetita ce 13 juillet dans la soirée, lorsque des tirs tonnent à nouveau sur cette même avenue. Cette fois-ci, c’est la pâtisserie-restaurant Aziz Istanbul qui est fortement touchée. Aux premières heures de ce 14 juillet, on fait état de 17 morts et huit blessés, selon un bilan officiel provisoire. Les Forces de sécurité et de défense, qui ont quadrillé la zone, tentent d’y restaurer l’ordre. Comme en janvier 2016, Ouagadougou et le Burkina Faso sont meurtries, les populations endeuillées…
En visant une deuxième fois des sites situés sur l’avenue Kwame Nkrumah, les assaillants affichent clairement leur intention de toucher un endroit stratégique de la capitale burkinabè. Ils démontrent aussi, par la même occasion, leur capacité à déjouer les systèmes et mesures de sécurité, ainsi que la vigilance générale, sans doute un peu relâchée depuis un certain temps. De plus, cette avenue, considérée comme la plus belle de Ouagadougou, commence à peine à guérir de ses meurtrissures de la précédente attaque, avec notamment la restauration et la réouverture, le 10 juin dernier, du Cappuccino.
Le choix du lieu attaqué — un restaurant qui a relooké sa façade et son intérieur il n’y a pas longtemps et qui la fierté et le bonheur des Ouagalais — n’est donc pas fortuit. D’autant qu’il trône seulement à quelques encablures du Cappuccino, du Splendid Hotel et de Taxi Brousse. D’ailleurs, tous les habitués de cette longue avenue vous le diront: «Quand le Kwame Nkrumah du jour, celui des administrations, des banques et des commerces divers, cède la place au Kwame Nkrumah de nuit, la «plus belle avenue de Ouaga» se pare de toutes ses couleurs et brille de mille feux. Les enseignes lumineuses multicolores, les restaurants bars et autres pizzérias donnent une coloration particulière à cette avenue assez prisée des couche-tard».
Il y a donc lieu de rebander nos forces pour continuer de minimiser les possibilités d’attaques, à défaut de pouvoir les enrayer complètement. Non seulement sur cette avenue désormais prisée des terroristes, mais aussi partout où, sur le territoire national, des frappes, attaques et autres attentats ignominieux sont potentiellement ou non possibles.
Pour ce faire, et plutôt que de se manger les uns les autres à chercher des boucs émissaires et/ou à pleurnicher sur notre sort, «le niveau de surveillance, de vigilance et de contrôle, ainsi que la capacité de riposte des Forces de défense et de sécurité se doivent d’être notablement relevés», ainsi que nous l’avons déjà écrit dans un précédent éditorial. Car, est-il besoin de le rappeler, «les soldats et les populations des zones frontalières et de la capitale ont déjà payé un lourd tribut aux propagateurs de cette terreur inqualifiable et injustifiable». L’objectif étant qu’à la fin, «le bien commun et universel triomphe de l’obscurantisme, de la barbarie, de la violence gratuite…».
Le Burkina Faso est donc plus que jamais dans l’œil du cyclone terroriste. La situation est très préoccupante et il est urgent de penser, ou plutôt de repenser notre politique sécuritaire et de riposte afin que se mette rapidement en place une dynamique gagnante en la matière, susceptible de panser les plaies. Certes, le niveau d’alerte et de riposte «ne sera jamais parfait» ainsi que l’a relevé le ministre de la Communication, Rémis Fulgance Dandjinou, dans une interview qu’il a accordée récemment à Fasozine, mais nous avons le devoir, chacun à son niveau et en ce qui le concerne, de ne pas baisser la garde.