Aujourd'hui,

DOSSIER

Organisé depuis 2014 par Samori Média Connection et le magazine panafricain Notre Afrik, le Rebranding Africa Forum réunira pour la troisième fois, du 13 au 15 octobre prochain à Bruxelles, experts de renom et personnalités de marque sur une problématique chère au continent : l’industrialisation. Etat des lieux et ambitions d’un rendez-vous majeur du continent avec sa déléguée générale.

 

 

Le Rebranding Africa Forum se tient cette année autour du thème « Relever le défi de l’industrialisation de l’Afrique ». Qu’est-ce qui préside au choix de ce thème ?

Paule Renée Etogo : Ce thème s’inscrit dans la suite logique des travaux amorcés lors des précédentes éditions. La première édition du Rebranding Africa Forum (RAF), en 2014, a mis en exergue l’essentiel des transformations requises en vue de l’émergence du continent africain, ainsi que les voies susceptibles d’y conduire. Il est ainsi apparu que l’investissement et l’entreprenariat devaient en être les moteurs. La deuxième édition, en 2015, s’est alors attelée à déployer les enjeux de l’entreprenariat ainsi que les différents secteurs propices à l’investissement en Afrique et pour l’Afrique.

Cela nous conduit au constat qu’il est primordial pour l’Afrique d’exploiter au mieux son énorme potentiel naturel et humain pour assurer l’essor du continent. Comment y parvenir ? Tel est l’enjeu de cette troisième édition, qui se tiendra à Bruxelles du 13 au 15 octobre 2016.

Quelles sont les innovations majeures de cette troisième édition ?

Nous sommes passés à une phase plus pragmatique de notre vision du partenariat gagnant-gagnant entre les entreprises africaines et européennes. En effet, cette année, nous avons choisi de dédier non plus une soirée à un pays comme l’an dernier, mais une journée entière pour le monde des affaires. Le Business Daydu 14 octobre entend créer l’espace propice et réduire les distances (administratives, protocolaires, linguistiques, etc.) entre les entreprises africaines et européennes, afin de leur permettre de jeter les bases pour des partenariats basés sur une relation symbiotique.

L’autre innovation concerne… l’Innovation Time pendant le forum du 13 octobre. Le mécanisme prévoyait la présentation de trois projets innovants promus par des jeunes africains, face à un jury, constitué par un panel d’experts qui délibère afin de désigner le lauréat de l’Innovation Africa Award. Cette année, ce prix est doté d’une enveloppe conséquente de 10 000 euros offerts par le Groupe ACP !

Depuis la première édition, en 2014, le RAF a mis un accent particulier sur la qualité des panélistes et des experts. Qui sont les grands orateurs du rendez-vous de cette année ? 

Le Forum mobilisera encore une fois de hautes personnalités, des opérateurs économiques, les patrons d’institutions bancaires et divers spécialistes incontournables dans le processus de l’industrialisation de l’Afrique.

A cette date, des personnalités de grande envergure sont annoncées pour prendre part au forum. Notamment Donald Kaberuka, ancien président de la Banque africaine de développement et Haut représentant de l’Union africaine pour le financement ; Carlos Lopes, secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA-ONU) ; Paul Fokam Kenmogne, président du groupe Afriland First Bank ; Rosine Sori Coulibaly, ministre de l’Économie, des Finances et du Développement du Burkina Faso ; Patrick I. Gomes, secrétaire général du groupe ACP ; Tahir Hamid Nguilin, vice-gouverneur de la BEAC ; Godfrey Nzamujo, directeur du Songhaï Centre, etc. La liste exhaustive des panélistes est disponible sur notre site, www.rebrandingafrica.com.

Le Forum s’honore surtout du fait que les plus hautes autorités du « pays des Hommes intègres » saisissent la plateforme du RAF 2016 pour présenter le potentiel économique, social et culturel du Faso à travers la vitalité de ses institutions.

Le plateau des personnalités présentes est donc particulièrement relevé…

En effet, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso (pays à l’honneur de cette édition) sera l’hôte le plus prestigieux du forum. Cela fait partie de notre ambition de rapprocher les Africains, en général, et ceux de la diaspora, en particulier des élites africaines.

Les représentants des institutions et toutes les hautes personnalités qui seront présentes affirment ainsi leur volonté de partager leurs expériences afin de préparer les prochaines générations de leaders africains. Quoi de mieux que de faire nôtre le mythe de Prométhée qui vola le « savoir divin » pour le restituer aux Hommes, en valorisant le potentiel humain africain présent en Europe et lui montrer des pistes pour investir en Afrique !

Le Burkina Faso est l’invité d’honneur de cette édition du RAF. Choix de cœur ou de raison ?

Un peu des deux ! Un choix de cœur si nous revenons sur ces dernières années et l’exemple que le Burkina a donné aux autres pays africains en gérant de manière exemplaire les crises sociopolitiques qui ont secoué le pays. Peu de pays y sont parvenus et cela force le respect.

Un choix de raison aussi, vu que les chiffres parlent d’eux-mêmes. En effet, selon la Banque africaine de développement (BAD), malgré une période de crise politique, qui a impacté la stabilité sociale et économique du Burkina Faso, les perspectives économiques demeurent favorables à une forte croissance : 5,5% en 2015 et 7% en 2016.

Il était donc important pour le RAF de mettre en exergue un tel exemple de courage et de gouvernance démocratique.

En termes de contenu, comment le RAF entend-il aborder la question de l’industrialisation du continent pour aller au-delà du discours ?

Trois panels animeront les réflexions du forum. Le premier, « Investir et financer la deuxième industrialisation de l’Afrique », permettra notamment de « baliser le terrain industrialisable sur le continent afin d’en relever les secteurs clés et prioritaires ». Il s’agit là, vous en conviendrez, d’un travail de fond dont la finalité est de mettre à la disposition de tous un outil actualisé et des données réelles sur les potentialités d’industrialisation de l’Afrique. Les deux autres panels sont plus spécifiques, et s’intéresseront notamment aux technologies du futur et aux enjeux énergétiques, pour l’un, et aux chantiers de l’agro-industrie, pour l’autre.

Quelles sont vos attentes pour cette édition ?  

Le RAF reste le creuset d’échanges entre patrons d’institutions du Sud et du Nord, le cadre de référence où se pensent les transformations dont a besoin l’Afrique pour relever le défi d’une croissance inclusive. Pour cette édition, ainsi que pour les prochaines, nous entendons renforcer ce rôle, mais aussi continuer à mettre l’Afrique au cœur de l’Europe pour encourager des partenariats Nord-Sud gagnant-gagnant.

Nous voulons aussi donner des pistes de solutions concrètes pour accélérer le processus d’industrialisation du continent et mettre ces informations à la disposition des Africains et des investisseurs. L’objectif est de permettre qu’au cours des prochaines années, l’Afrique améliore non seulement la production dans les secteurs clefs comme l’agriculture et l’énergie, mais aussi que le RAF contribue à augmenter le nombre d’entreprises qui produisent et transforment elles-mêmes leurs matières premières.

Ce faisant, le RAF contribuera, nous l’espérons, à inverser le processus actuel qui se décline en « produit en Afrique, transformer ailleurs et consommer en Afrique ». Il nous faut ardemment réussir à… «produire en Afrique, transformer en Afrique, et consommer en Afrique ».

Propos recueillis par Serge Mathias Tomondji 

© Notre Afrik N°69, Septembre-Octobre 2016